EVAN ✚ erase myself and let go of what I’ve done

In this farewell.There’s no blood.There’s no alibi. ‘Cause I’ve drawn regret from the truth of a thousand lies. So let mercy come and wash away what I’ve done. @cesbeautes + linkin park. ★★★

◄►Les secrets. Il en a des tas et il prend soin de les garder pour lui. C’est sa marque de fabrique, en quelques sortes. N’importe qui vous dira d’Evan qu’il est mystérieux… Il faut beaucoup de patience et de persévérance pour parvenir à atteindre l’âme sous la carapace.
◄► Parmi ses plus grands secrets, Evan est l’inverse de celui qu’on pense qu’il est. L’inverse de celui qu’on voudrait qu’il soit, depuis toujours. Il rêve de bonheur, de famille unie et d’une vie paisible remplie d’amour et de glaces à la vanille, de pancakes encore chauds, d’une moto rutilante et d’un chaton. Ou deux. Lui qui n’a toujours connu que l’exemple de sa propre famille veut leur prouver et se prouver que ce n’est pas le modèle à suivre et qu’il est capable de mieux. De meilleur. De ce qu’aucun d’eux n’a été foutu de lui offrir.
◄► Evan c’est un sale petit con, comme dirait son père. En vrai, Papa voyait très bien son fils unique reprendre la société familiale à sa suite et faire fructifier l’enseigne de son business immobilier en continuant à glorifier son nom. Sauf qu’Evan n’a jamais voulut ça et que d’enfant docile et sage qu’il était est vite devenu un ado rebelle et provoquant. Fugues. Drogue. Alcool. Violence. Gangs. Trafic. Il a tourné court, s’enfonçant un peu plus dans ses folies à chaque retour à la charge du paternel.
◄► Il fume beaucoup. Beaucoup trop. Depuis toujours c’est son exutoire ; sa façon à lui de se vider la tête et de tout oublier. Généralement il chope sa bécane et il roule pendant des heures vers l’inconnu avant de s’arrêter et d’en griller une, deux, trois... Puis il repart d’où il est venu et s’enfonce à nouveau dans les ombres…
◄► Depuis qu’il a choisi une vie de débauche plutôt que les doreries rutilantes du monde qu’on lui offrait sur un plateau, Evan n’a plus aucun contact avec son père. Ce dernier refuse catégoriquement de le voir et ce n’est pas pour déplaire au jeune homme. La seule à ne pas l’avoir renié est sa mère, qui continue à lui envoyer de grosses sommes d’argent tous les mois, en cachette. Argent qu’Evan pourrait facilement dilapider mais qu’il met soigneusement de côté, en partie du moins, pour l’avenir.
◄► Un autre secret de l’anglais – sans doute le moins bien gardé – est son séjour en prison. Evan a en effet passé deux ans derrière les barreaux pour trafic d’armes et détournement de fonds. En réalité cette condamnation est le résultat d’un coup monté dont il était la cible, ainsi que du témoignage de l’homme qu’Evan hait le plus sur terre. Moins que son père, cela dit.
◄► Il vient d’arriver à Montsimpa. Bien qu’il parle de ‘nouveau départ’, ce choix a été en grande partie motivé par un autre secret… Evan entretenait une relation épistolaire avec un certain 'Alex' pendant ses années en prison et à sa sortie s’est ressenti le besoin de le trouver. Sur sa première lettre, l’adresse indiquait un appartement à Monstimpa et c’est donc là que s’est rendu Evan dans l’espoir de pouvoir remercier celui qui a maintenu ses espoirs à flots pendant des années. Aujourd’hui il est encore à la recherche de son ange gardien et n’abandonnera pas ses efforts avant de l’avoir retrouvé !
◄► Actuellement Evan est en liberté conditionnelle. Remit en liberté pour bonne conduite, ses moindres faits et gestes sont surveillés de près. Malgré tout, il voudrait recommencer à zéro. Ses années enfermé lui ont permit de faire le tri dans sa vie et il a pour ambition de se ranger et de vivre plus sainement, plus convenablement. Engagé depuis peu comme pompier volontaire à Montsimpa, il est en recherche d’un emploi sérieux et le plus honnête possible. Malheureusement son CV n’est pas ce qu’on pourrait qualifier de ‘clean’ et gratifiant. Vivre libre s’avère presque plus compliqué que vivre enfermé…
◄► Evan n’a jamais connu de réelle relation amoureuse dans sa vie… Il a beaucoup voyagé pendant ses années rebelles et rencontré énormément de gens, mais seule une personne a fait battre son cœur. Après à peine six mois de relation passionnée, elle a filé dans les bras d’un banquier avec toute l’ironie de la situation. Evan ne l’a jamais montré mais il été dévasté par cette trahison et n’a jamais été capable de redonner sa confiance à quelqu’un depuis, homme ou femme, en dehors d'Alex…
◄► Avant de devenir un ado sans espoir, il était un élève brillant qui rêvait de droit. Il avait toujours voulut être avocat et ce rêve le hante encore, parfois. Cependant toutes les lois qu’il a brisées lui ont définitivement fermé la porte à ce rêve et Evan s’en résigne très difficilement. A ce stade, il ne sait plus ce qu’il veut faire de sa vie et a parfois l’impression que son ‘nouveau départ’ sera un fiasco et qu’il n’a aucune chance de vivre heureux.

Quand le verdict est tombé ce jour là, j’ai vu ta vie devenir écume. En un instant, tu étais vide. Terne. Morne. Mort. Au fond, tu avais toujours nourris cet espoir de t’en sortir intact. T’y a cru, jusqu’au bout, je le voyais sur ton visage, sur ton sourire en coin qui te collait à la peau, comme toute les fois où tu savais que tu allais gagner, peut importe la merde dans laquelle tu pouvais être. Mais cette fois, elle t’a dévorée. T’as coulé comme une pierre. D’un seul coup. C’était pourtant pas faute de t’avoir prévenu… Mais tu n’écoutais jamais. Me défier t’amusait. LE défier t’amusait. Plus tu en faisais, plus il était furax et ça te rendait fier. Lui qui avait passé sa vie à te présenter comme le fils modèle, son futur prince, son fier héritier… tu étais soudain devenu son pire cauchemar, sa plus grande honte. Je  savais moi, depuis toujours, que c’était pas ton truc les courbettes et les postures sages. T’étais incapable de te tenir tranquille, même quand le sérieux était de mise. T’as jamais pu tenir en place, mais tu faisais des efforts, simplement pour rendre Papa fier. Maman elle, elle s’en moquait. Ses sourires suffisaient à te rendre angélique et à bien des égards, on peut dire que t’étais l’enfant parfait. Jamais une larme. Jamais une plainte. Toujours poli et bienveillant. Je dois avouer que j’ai été surpris, plus d’une fois ! Je pensais pas que tu étais capable d’autant… regarder les autres gamins s’amuser pendant que tu t’explosais le crâne dans des livres imbuvables… c’était presque de la folie et pourtant, tu n’as jamais regretté. T’aimais tant ça, voir ta famille fière et heureuse… Même si tu savais que les apparences étaient trompeuses. Toi t’étais réel et honnête.

Et puis un jour, je t’ai senti partir… Bien sûr c’est pas venu d’un seul coup… j’ai senti tes convictions s’effilocher, ton sérieux s’envoler, ta joie disparaître. Tu devenais un autre, et personne ne le voyait, à part moi. J’ai toujours été là pour toi, et tu savais que tu pouvais compter sur moi. Je t’ai pas lâché, même si je savais que tout ça, ça finirait mal. Une intuition. Un sixième sens. J’avais raison. Encore. T’as mal tourné. Une manière sans doute de te faire remarquer. Eux ne voyaient que ta perfection, le travail que tu fournissais. Mais au fond, ils n’ont jamais vu rien d’autre que cela. Tu n’as jamais été un enfant… pas de glace qui coule sur les doigts une chaude journée d'été, pas de sorties en famille, pas de fêtes d’anniversaires avec les amis… Ont-ils remarqué qu’ils t’avaient volé ton innocence ? Et ensuite, c’était trop tard… tu n’avais plus l’âge de t’amuser à grimper aux arbres ou à courir après les pigeons. Ni celui de jouer aux billes ou au foot. Tu n’avais jamais été plus près de réussir, de les rendre plus fiers qu’ils auraient pu l’être. Mais au fond, tu sentais ce vide qui t’envahissais… leurs sourires sonnaient faux et les tiens plus encore. J’aurais pu éviter le pire, j’imagine. J’aurais pu te remettre sur le droit chemin avant qu’il soit trop tard… mais je ne l’ai pas fait. Pourquoi ? Je n’ai jamais été capable de répondre à cela. Peut-être qu’au fond je sentais que c’était indispensable pour que tu grandisses, que tu t’épanouisses. Comment devenir un homme lorsqu’on a oublié d’être un enfant ?

Alors je t’ai laissé faire. Tout ce que tu voulais. Ou presque… Tu as tout tenté. Petit à petit. D’abord gentiment, discrètement, lentement. Puis de plus en plus vite, de plus en fort, de plus en plus passionnément. Les premières représailles précédaient les fugues et à chaque fois, tu t’enfonçais un peu plus profond dans le jeu, persuadé que tes folies rendraient fous ceux que tu avais si souvent rêvé de rendre fiers. Fiers ils ne l’étaient plus. Et même si tu as toujours prétendu d’en avoir rien à faire, je sais, moi, que c’est faux et que tout ça te touchaient bien plus que tu n’osais le montrer. Tout ça, ça t’a détruit. J’étais là, j’ai tout vu. Mais tu n’es jamais tombé. Jamais, avant ce jour. Au fond, tu aurais pu éviter ça, tu aurais du le voir, le sentir. Moi je savais. Mais à nouveau, je n’ai rien dit… tu n’aurais pas écouté de toute façon. Cela faisait des années que tu n’écoutais plus. C’était trop ancré en toi, impossible de t’en sortir. Tu étais devenu une vedette dans le milieu, aussi célèbre chez les délinquants que ton père l’était du haut de son immeuble interminable. Tu le narguais, encore et encore… mais ce jour là, tu as foiré. Salement. Franchement, un novice n’aurait pas fait tant d’erreurs… Ils t’ont piégé et t’as rien vu venir. Quand les flics ont débarqué, j’ai su que c’était fini. Tu avais ce dossier compromettant et ils avaient un témoin. T’étais cuis et t’as eut beau me prier, c’était trop tard, je pouvais plus rien pour toi… Tu t’étais fourré dans cette merde, c’était à toi de t’en sortir. Evidemment quand Bibi est pas là pour assurer tes arrières, t’es aussi vulnérable qu’une fillette ! Tu t’es planté, royalement. T’avais beau jurer tout ton saoul contre ce type qui t’avais dénoncé et enfoncé, tu pouvais t’en prendre qu’à toi et tu le savais, et ça t’énervait tellement… Tu m’as maudit quand le juge a prononcé la sentence. Bien sûr, que faire d’autre ? Trois ans de prison… encore de la prison. Tu venais à peine d’entrer dans la vie et tu apprenais encore la liberté et à nouveau, on te volait ce privilège.

C’était dur, au début, insupportable. Mais fallait t’y faire. Tu m’as chassé, longtemps… mais j’étais toujours là, bien caché au fond de toi, prêt à intervenir si tu osais le demander. Et le jour où tu as reçu cette lettre, le miracle s’est produit. J’étais présent, je n’avais jamais cessé de l’être. A partir de là, je t’ai senti revivre un peu, remonter la pente, petit à petit. Chaque lettre était une marche que tu montais sur l’escalier de ta rédemption. Tu allais de mieux en mieux et si au début j’étais perplexe quant à ces missives, j’ai finis par comprendre que dans tes ténèbres, elles étaient la seule lumière. Grâce à elles, le temps est passé plus vite que tu l’aurais imaginé. C’était comme dans les livres… ceux que tu lisais en cachette avant de t’endormir le soir quand tu étais sensé te lever tôt pour étudier. Tu rêvais, tu espérais à nouveau. Enfin. Je n’ai jamais plus aimé quelqu’un que cet Alex – en dehors de toi, évidemment –. Alors quand on t’a parlé de sortie conditionnelle pour bonne conduite au bout de deux longues années d'enfer, j’ai vu l’espoir s’affirmer. Tu pouvais tout recommencer de zéro, faire les choses biens cette fois. Je te l’ai tant répété… et cette fois, pour la première fois, tu as accepté de m’écouter. J’aurais pu faire une croix dans le calendrier pour ça, franchement !

Je savais ton obsession pour ce type… je comprenais. Au fond, tous ceux qui s’étaient dis tes amis t’avaient délaissé. Tous ceux sur qui tu comptais… tu ne leur as jamais pardonné. Et le seul qui était là c’était cet inconnu que t’avais jamais vu et qui prenais le temps de t’écrire pendant que tu croupissais au fond d’un trou humide et froid en pensant à l’odeur de prairies en fleur et en rêvant au ciel étoilé. Alors quant t’es sorti, j’ai pas trouvé surprenant que tu veuilles le retrouver. Il était tout ce qu’il te restait. Papa t’avait oublié depuis longtemps. Maman t’aimais toujours, elle, tu le savais parce qu’elle aussi t’envoyait des lettres, de temps en temps… en secret. En voyant ton compte en banque à la sortie, t’as compris qu’elle t’avait pas abandonné, elle non plus. Elle avait tout maintenu à flot et t’étais plus riche que jamais ! Au fond, t’as pensé à aller la voir, tu sais que ça lui aurait fait plaisir, et moi aussi. Mais tu t’es contenté d’un petit mot gribouillé au dos d’une vieille photo de toi étant môme ; l’une des rare, la seule peut-être. « Merci. Je t’aime Moona. » Tu ne mentais pas. Alex t’avait appris à ne pas mentir. Alors au lieu de mentir, t’as appris à ne rien dire. T’étais doué et tu l’es toujours, à tel point que même moi parfois, il y a des choses qui m’échappent…

En un instant, ta décision était prise. Tu as tout de même prit le temps de faire les choses bien. Tu as eus l’autorisation de partir, si au bout du chemin quelqu’un te surveillait. T’as accepté, évidemment, t’aurais été prêt à tout pour le rencontrer enfin, je le savais moi. Je crois que je t’ai jamais vu aussi impatient, aussi enthousiaste, aussi vrai. Depuis longtemps, je te sentais décidé, déterminé, motivé. C’était comme un second souffle. Une renaissance.

« Cher Alex,
On a accepté de me mettre en liberté conditionnelle. J’ai pas oublié la promesse que je t’avais faite et aujourd’hui, je vais enfin être en mesure de la tenir.
Tu m’as sauvé la vie. Honnêtement, sans toi ici, je crois que j’aurais tout abandonné. Je n’aurai jamais assez de mots pour te remercier de ton soutien pendant ces années d’horreur, pour ta patience, ta passion, ton amitié. Aujourd’hui, tu représentes plus pour moi que n’importe qui et j’ai bien l’intention de te rendre au centuple tout ce que tu m’as offert, même si en soi, c’est inestimable.
J’ai été autorisé à quitter l’Angleterre. Je te laisse deviner où mon vol va me porter. J’espère que ton appareil est prêt, parce qu’il risque de flasher dans les jours à venir !
Je te ne dis pas à bientôt, je sais qu’on se reverra bien avant ça !
Avec toute mon amitié,
Evan.

PS : Ceci est ma dernière lettre. Ecrite de la Maison d’arrêt de Brixton, le 4 Mars 2016. »