Avec le temps fort nécessaire, avec les yeux sous la lumière __ Giulia Gambino

Celui qui se transforme en bête se délivre de la douleur d’être un homme. @lasvegasparano + connaissance. ★★★

Je dors énormément, un vrai loir. Dépossédée de mes huit heures de sommeil syndicales mon humeur est celui d'un pitbull mal nourris * Je fais très attention à ce que je mange. Plus jeune j'ai frôlé l'anorexie sans que personne en dehors de ma sœur ne s'en rende compte. * La famille c'est sacré, héritage direct des gènes italiens. Le padre, la mama, les frangins, personne n'y touche sous peine de sanction façon Gambino * J'adore l'Europe. Je reviens d'un an d'études en économie à Londres * La place où je m'imagine plus tard est évidemment à la tête du clan Gambino. Je sais pertinemment qu'Amos s'y intéresse également mais je suis encore davantage persuadée d'être celle qu'il faut pour diriger. Être la régente d'un cartel ne m'effraie pas, bien au contraire: je dirige d'une main de fer dans un gant de velours * Bien que je ne l'avouerais jamais j'aspire à un grand Amour. Oui, avec le A majuscule à l'image de mes parents. * Le luxe est un mode de vie duquel je ne saurais me séparer. Si la connaissance est le pouvoir, l'argent est également un de ses plus grands mécène. * Je suis plus proche de ma mère que de mon paternel (dont je suis certaine d'avoir un faible pour ma cadette à qui il passe ses moindres caprices). La pulpeuse et ténébreuse Allegra est mon modèle. * Mon dressing vaut certainement plus cher que le PIB moyen de Montsimpa * Sport nautique, escalade, vitesse, je suis accro à l'adrénaline via les disciplines sportives extrêmes. * Les journalistes s'arrachent mes interviews. En effet je suis très discrète sur ma vie privée et ne laisse rien filtrer d'autre que l'image que je souhaite renvoyer publiquement * Si d'apparence je suis une jeune femme exemplaire en tout point j'ai un petit penchant pour la cocaïne, prise sans raison particulière. Juste parce que c'est comme ça. * Élève appliquée j'ai mis un point d'honneur à sortir major de promo durant tout mon parcours scolaire. L'excellence est ma marque de fabrique. * Une conversation riche est passionnante, toutefois selon moi, rien n'est plus doux qu'un silence complice entre deux personnes.

7 ans, l'âge de raison
C'est mon anniversaire, et comme tous les ans cela donne lieu à une fête grandiose. Un Disneyland miniature a poussé dans le jardin du manoir Gambino parce que je suis dans ma période fées et princesses. Toutes largement représentées d'ailleurs avec ma jupe de tulle rose poudré et le diadème étincelant trônant sur ma petite caboche. J'ai le sourire jusqu'aux oreilles: aujourd'hui c'est ma journée. Et même haute comme trois pommes j'ai bien conscience de ce que ça implique. Que j'ai juste à claquer des doigts pour obtenir. D'autant plus que je suis l'aînée, prunelle des yeux de mes géniteurs, particulièrement ma mère.
Elle est belle Allegra d'ailleurs, resplendissante dans sa robe pourpre, parée de bijoux digne d'une impératrice. A ses côtés mon père arbore un large sourire qu'il ne réserve qu'à ma fratrie. Le genre qui lui plisse le coin des paupières et le rajeunit de dix ans.
La montagne de cadeaux au papier polissé est indécente.
La pièce montée vertigineuse.
Et je me sens bien.

15 ans, les premières fois
"Mama je veux jamais me marier." La phrase claque dans la cuisine hightech entre les deux tasses de chocolat fumantes que vient de déposer Rosa. Ma mère reste silencieuse puis me sert l'un de ses sourires de sphinx. Indéchiffrable. Raconte, m'enjoint-il.
"J'ai fait ma première fois. C'était pas dingue, pas trop nul non plus. Puis j'étais amoureuse mama, tu sais ce que c'est les hormones à cet âge là...." Lucide sur ma condition d'adolescente, je fais encore une fois preuve d'une franchise et lucidité désarmantes. "Et Tim m'a largué. Parce qu'il raconte qu'il est trop jeune pour s'engager. Mais ça l'a pas empêcher de se mettre avec cette cagna de Lola." Grosso modo je veux pas tuer ma mère mais épouser mon père. "Comment t'as fais pour trouver toi?"
Allegra me caresse tendrement la joue avant de répondre de sa voix chaude et voilée. "C'était une autre époque mia dolce. Ça va te tomber dessus un jour sans que tu le vois venir." elle rit doucement "Quant à cet idiot de Tim" (le prénom est prononcé avec un mépris des plus souverains) "il ne te mérite pas, mais au moins il a servit à t'apprendre les bases."
Je hoche la tête, un peu abattue. "Allez bois ton chocolat. Je vais m'occuper de ce qui te tracasse, concentre toi sur le lycée."
Tim déménagea de Montsimpa la semaine suivante.

24 ans, l'émancipation
"Arrête Rae, c'est juste un an. Ça va passer vite, et avec les préparatifs du mariage tu vas être occupée..."
Mais elle est inconsolable ma petite soeur. Ma jolie poupée. A l'annonce de mon départ, prévu de longue date avec mes parents. Au contraire de Amos qui s'est plutôt contenté de me souhaiter bonne chance avec sa flegme habituelle.
"Bella calme-toi" lui dis-je en la serrant contre moi "On s'appellera autant que tu voudras et tu pourras venir pendant les vacances. Je vais rentrer, croix d'bois croix d'fer, si j'mens j'vais en enfer."
C'était notre serment, notre truc à nous. Je vivais avec Rae depuis vingt-deux ans, et si mon départ m'attristait également, l'excitation de la nouveauté donnait un regain salvateur à mon palpitant. Dans deux jours je débarquerais sur la terre d'Elizabeth II, prête à enrichir encore mon savoir. Un gouffre sans fond où s'abîmait un foule d'informations.
J'étais prête pour me cogner à la vie.