I'm only human after all x Rust

I'm only human after all, don't put the blame on me. @rag'n'bone + groupe. ★★★

Depuis qu’il a arrêté l’alcool - en tout cas il essaye -, il s’est trouvé une nouvelle passion pour l’eau arômatisée. Il se trimballe toujours avec sa petite bouteille. xIl fume toujours comme un pompier. x Il a une petite boite qu’il garde dans sa table de nuit avec tout plein de photos de sa fille et de son ex femme. x Il a un chien prénommé Oscar. x Il a toujours aimé la cuisine, mais il s’est découvert une véritable passion quand il a cessé de boire. Depuis, il tente de mitonner des petits plats dès qu’il en a l’occasion. x Il adore la musique classique, et plus particulièrement “Clair de Lune” de Debussy. Ce type de musique l’apaise et l’aide à réfléchir. x Depuis que sa femme et lui ont divorcé, il n’a pas eu d’autres personnes dans sa vie. Il n’en ressent pas le besoin et espère toujours secrètement qu’elle revienne à lui. x Il a beau avoir 43 ans, il est très ouvert d’esprit et très en phase avec les gens plus jeunes que lui, son métier de professeur l’a notamment aidé. x Outre ses compétences en physique-chimie, il s’intéresse à plein d’autres domaines. Depuis qu’il n’a plus de travail, il passe beaucoup de temps à la bibliothèque à apprendre plein de choses sur tout un tas de sujets. x Il n’a jamais quitté les Etats-Unis mais rêverait de voyager à travers le monde.

Octobre 2013 - Université d'Orlando

Rust pousse un énorme soupir en voyant l’amphithéâtre qui s’agite et qui commence déjà à plier bagage. Dix-huit heures pile, c’est l’heure de sortir, les étudiants n’ont aucune envie de rester une seule minute de plus. Il interrompt son discours, laissant les élèves se déverser à l’extérieur. Il se passe une main sur le visage. La journée avait été longue : quelques heures de travaux dirigés avec des élèves de première année qui pour la plupart regrettait d’être venu étudier la physique et la chimie à l’université, d’autres heures passées avec des collègues qu’il trouvait bien moins intelligent que lui, pour finir avec des troisième années bruyant qui, comme lui, avaient hâte que la journée se termine.
Une fois tous les élèves déversés à l’extérieur, Rust range à son tour ses affaires et se dirige d’un pas pressé vers sa voiture. Il s’installe au volant, balance son sac sur le siège passager, et ouvre la boite à gants d’où il sort sa petite fiole de whisky. Il en boit quelques gorgées, avant de la remettre à sa place. Il n’avait jamais vraiment trop su quand et comment il avait commencé à boire. Il savait que ça avait suivi les quelques mois après la naissance de sa fille, Rose, soit 2 ans auparavant. Au début, c’était simplement un verre après sa journée de travail. Et puis, il avait commencé à s’engueuler avec sa femme et ça avait été le début de la fin. Il était passé d’un verre par jour à deux, puis plusieurs avant et après le repas, et ainsi de suite. Il évitait de boire pendant les cours, mais il devait avouer que ça devenait de plus en plus difficile.
Il tourna la clé dans le contact, quittant le parking pour rejoindre sa famille sous le soleil toujours haut d’Orlando.

Février 2015

Rust fixa les papiers que sa femme venait de lui tendre d’une main tremblante. Il fixa sans vraiment trop comprendre les quelques mots inscrit en lettres grasses en haut de la page. “Demande de divorce” était tout ce qu’il avait pu retenir. Il leva les yeux vers sa femme – ou devait-il commencer par dire “ex-femme” ? - qui avait déjà les yeux humides.

- Tu te fous de moi ?

Il agita un peu trop violemment les papiers devant elle. Elle recula, craintive. Il avait horreur de ça. Il n’avait jamais levé la main sur sa femme mais elle ne pouvait pas s’empêcher d’avoir peur de lui. Il se rapprocha d’elle, titubant légèrement à cause de l’alcool, réitérant sa question, cette fois-ci un peu plus fort.

- Tu te fous vraiment de moi ?

Elle lui fit mine de baisser d’un ton, la petite Rose était couchée et il ne fallait pas la réveiller. Il la vit plisser les yeux, prendre une inspiration pour répondre à son mari calmement.

- C’est plus possible, Rust. C’est juste plus possible. Je t’avais dis qu’on allait essayer de trouver une solution, mais tu n’as visiblement pas envie de trouver une solution.

Elle marqua une légère pause, ses yeux s’embuant de larmes.

- C’est mieux pour nous deux. C’est mieux pour la petite. Pense à Rose.

Rust balança les papiers de demande de divorce sur la table. Il récupéra son verre de whisky et sortit de la pièce en prenant bien soin de claquer la porte. S’il avait su, à ce moment là, que ce n’était que le début de sa longue descente aux enfers…

Juin 2015

- J’espère que vous comprenez notre décision, Mr Brand. C’est pour votre bien, et celui des étudiants.

Rust hocha vigoureusement la tête, serrant les poings. Il avait fallu d’une simple journée de merde, d’une simple goutte d’eau – et en l’occurence, ce n’était pas de l’eau – pour faire déborder un vase déjà bien rempli. Quelques semaines auparavant, un étudiant l’avait aperçu sur le parking de la fac après une dure journée. Un vrai déchet. L’étudiant en question avait prévenu l’administration de la fac, le directeur l’avait donc convoqué. Il lui avait rappelé pendant une bonne vingtaine de minutes que ces derniers temps, rien ne semblait plus aller, qu’il avait reçu des remarques de plusieurs étudiants qui avaient noté que Rust n’assuraient plus les cours comme avant et qu’il semblait en permanence perdu. Alors, la direction avait jugé bon de ne pas renouveler son contrat à la rentrée suivante. Comme ça, du jour au lendemain, Rust se retrouvait sans emploi.
Bordel de merde. C’était clairement pas le moment pour que ça lui tombe dessus. Avec la procédure de divorce qui commencait à se dessiner de plus en plus clairement, sa femme qui ne lui adressait plus la parole...C’était clairement la merde. Merde, merde, merde.
Rust tenta de retenir ses mains qui tremblaient. Il se contenta de quitter le bureau, les dents serrés, pressé de pouvoir revenir à sa bouteille.

Octobre 2015

Rust quitta le tribunal les mains dans les poches. Les yeux humides. Il s’était promis de ne pas pleurer, pleurer, c’était pour les gonzesses, mais bordel, qu’est-ce que c’était dur. L’avocate de sa femme lui avait à peine laissé le temps de dire au-revoir à Rose. Bordel de merde, il n’allait pas revoir sa fille. On ne lui avait pas donné la garde. Ce putain de juge avait décidé de ne pas lui donné la garde. “Vous comprenez, Mr Brand, au vu de votre licenciement et du fait que vous n’ayez pas retrouvé de travail, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser cet enfant sous votre charge”. Sans oublier de mentionner en des termes politiquement correct que c’était surtout parce que c’était un putain d’ivrogne et que sa femme était morte de peur à l’idée qu’il la frappe un jour.
Il s’installa au volant de sa voiture. Il avait besoin de prendre l’air. Il avait besoin de partir ailleurs. Il avala une dernière gorgée de bourbon, avant de prendre la route, les yeux brouillés par les larmes.

Octobre 2015

Rust quitta le tribunal les mains dans les poches. Les yeux humides. Il s’était promis de ne pas pleurer, pleurer, c’était pour les gonzesses, mais bordel, qu’est-ce que c’était dur. L’avocate de sa femme lui avait à peine laissé le temps de dire au-revoir à Rose. Bordel de merde, il n’allait pas revoir sa fille. On ne lui avait pas donné la garde. Ce putain de juge avait décidé de ne pas lui donné la garde. “Vous comprenez, Mr Brand, au vu de votre licenciement et du fait que vous n’ayez pas retrouvé de travail, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser cet enfant sous votre charge”. Sans oublier de mentionner en des termes politiquement correct que c’était surtout parce que c’était un putain d’ivrogne et que sa femme était morte de peur à l’idée qu’il la frappe un jour.
Il s’installa au volant de sa voiture. Il avait besoin de prendre l’air. Il avait besoin de partir ailleurs. Il avala une dernière gorgée de bourbon, avant de prendre la route, les yeux brouillés par les larmes.

2016

- Rust. Je n’ai pas bu une goutte d’alcool depuis 10 jours.

Il fronça le nez avant de se rasseoir confortablement au fond de sa chaise. Il avait l’habitude de venir ici. Les AA, c’était un peu devenu comme sa deuxième maison. Il en avait fait des allers et des retours ici. Il venait écouter les gens. Parfois ça le rassurait, il se disait qu’il était pas tout seul dans la merde et que certaines personnes avaient des vies bien plus merdiques que lui. Malgré tout, il n’y arrivait pas. Il était venu là dans l’espoir de se sevrer et de pouvoir récupérer sa fille. Mais il n’y arrivait pas, même avec toute la bonne volonté du monde. Il passait son temps à broyer du noir. C’était un déchet humain. Au fond du gouffre, à observer des photos de sa fille chaque matin dans l’espoir qu’elle réapparaisse comme de par magie. Il n’avait pas retrouvé de boulot. On lui avait clairement fait comprendre qu’il y avait tout un tas de petits jeunes beaucoup plus expérimentés que lui, que ses connaissances étaient complètement dépassées et qu’il fallait qu’il passe à autre chose. Il aurait bien voulu passer à autre chose, justement. Il aurait voulu oublier sa femme. Oublier sa fille. Refaire sa vie. Mais bordel, à plus de quarante piges, comment on était censé refaire sa vie ? Il avait parfois eu envie de tout foutre en l’air, après tout, plus personne ne tenait à lui. Mais il avait jamais eu la force. Il était faible, et putain, il avait horreur de ça. Mais il n’y arrivait pas. L’alcool semblait l’attirer comme un aimant. Il était toujours sur le fil du rasoir, toujours au bord de la brèche. C'était exactement comme ça qu'il voyait sa vie, maintenant. Il était au bord du gouffre, mais il n'avait pas assez de volonté pour sauter et quand il tombait, il réussissait toujours à se rattraper au bord. Un éternel recommencement.
Et puis un jour, il y avait eu Nora. Une petite blonde qui assistait aux réunions. Comme un pâle rayon de soleil dans l’obscurité de sa vie.