solo ride until i die + sony

It should have been you, Gordie. @tumblr + stand by me. ★★★

dans ta poche, y'a toujours ce vieux briquet d'époque que tu trimbales avec toi. un des seuls trucs que ton père t'a filé, qu'il a lui-même obtenu de ton grand-père, alors qu'il faisait la guerre de corée. ce vieux zippo, c'est un peu tout ce qu'il te reste de ta famille, ce qui te rattache mine de rien à tes origines. (+) tu t'en sers pour allumer tes clopes. parce que tu fumes comme un pompier. au moins un paquet par jour, parfois plus. tu sens déjà les ravages du tabac sur tes poumons, c'est dire. (+) en fait, tu crois que t'es perverti par tous les vices. tu fumes beaucoup trop, tu ne sens plus vraiment l'alcool couler dans tes veines. tu crois que tu t'arrêterais jamais de boire si ça t'empêchait pas de baiser avec passion. t'as vendu toutes les drogues possibles et inimaginables et ça non plus, tu t'en es jamais vraiment privé. à petite dose, seulement, parce que t'es pas aussi bien que desi quand il en prend. (+) t'es né avec une belle paire de couilles mais la vie t'as privée de l'une des deux. un vilain accident de parcours, des potes qui se précipitent à l'hôpital et qui n'ont jamais cessé de s'en moquer depuis. (+) tu détestes absolument tous ceux qui te disent que desi n'est pas assez bien pour toi. qu'il a un effet néfaste sur ta personne, qu'il t'emmènera avec lui dans les profondeurs de ce monde. qui ils sont, eux, pour savoir comment il est, desi ? y'a que toi qui le connaisse par coeur, qui soit capable d'anticiper ses réactions. desi c'est plus que ton frère et t'as jamais pensé que y'avait trop de lui dans ta vie. (+) et justement parce que vous avez ce lien si spécial, t'as jamais été capable d'avoir une relation sérieuse. t'en as jamais vraiment eu envie. t'en même jamais ressenti le besoin. tu crois pas que tu serais contre mais tu penses pas que ça plairait à desi. tu te contentes de papillonner, de s'engouffrer dans leurs draps sans prendre le temps de visiter leur appartement. et ça te convient très bien. (+) tu t'éclates toujours autant devant les films de jerry lewis. si ça ne tenait qu'à toi, tu crois bien que tu pourrais les regarder inlassablement. (+) t'aurais donné n'importe quoi pour être né trente, quarante ans plus tôt. t'as souvent l'impression d'être né à la mauvaise époque, de faire tâche dans le décor d'aujourd'hui. (+) t'es pas très docile, comme mec. et surtout, tu supportes très mal l'autorité, sous toutes ses formes. t'aimes ni les regards condescendants, ni les tâches à suivre. tu fais comme tu le veux, quand bon te semble.

~ le double. montsimpa, depuis toujours.
à ton avis, elle ressemble à quoi la mère perkins ? t'es perché sur ton vieux vélo rouillé, t'es même surpris qu'il roule encore tant il a vécu de choses. tu roules au ralenti, vacillant, parce que desi est à tes côtés, au bord du canal, à pieds. comment ça elle ressemble à quoi ? à poil ? il te regarde avec cet air que tu connais bien, cet air qu'il prend quand il se fout royalement de ta gueule et t'hausses les épaules, mine de rien. tu te retiens de rougir comme le gamin que t'es. bah ouais. y'a un silence qui s'installe. ce silence qui dit que vous y réfléchissez tous les deux. vous êtes encore que des gamins, qu'est-ce que vous y connaissez, vous ? mais vous prétendrez tous les deux le contraire, parce qu'aucun de vous deux ne veut passer pour la poule mouillée. j'crois qu'elle en a des gros. t’acquiesces, songeur. parce que la mère perkins, elle fait rêver l'adolescent que tu es. tu sens qu'il prend la question au sérieux, tout comme toi. parce que vous avez quatorze-ans, et qu'à cet âge y'a rien de plus important que de découvrir le corps d'une fille. d'une femme. de se sentir homme pour la première fois. et puis tu le sens venir. le rictus qui en dit long. tu sais que ta question stupide va te retomber sur le coin du nez, peut-être bien que tu l'as mérité. comme ta soeur ! il explose de rire et tu fronces les sourcils, furieux. la ferme desi ! t'es l'enfant pris sur le vif, celui qui découvre que sa soeur n'est peut-être pas seulement une gamine sans intérêt. parce que t'as jamais pensé qu'on pouvait penser à ta soeur comme ça. ta soeur casse couille, ta soeur qui n'en fait que des siennes. ta soeur qui sombre dangereusement sur le même chemin que toi. charlie c'est celle à qui on ne touche pas, point barre. et il le sait très bien parce qu'il agit pareil. tu lui fonces dessus avec ton vieux vélo et il t'en fait tomber. vous chahutez comme des gamins, peut-être que vous n'êtes rien d'autre, au fond. desi et toi, vous êtes ensemble dans les bons et les mauvais coups. aussi loin que tu t'en souvienne, ça a toujours été comme ça. desi et toi. deux faces d'une même pièce. deux frères pas même unis par le sang. c'est peut-être ce qui rend votre amitié si forte.


~ l'accident. montsimpa, seize ans.
y'a desi qui dévale l'allée sinueuse, qui hurle ton nom devant la clôture décolorée. toi tu dévales les escaliers, et tu stoppes même pas ta course quand t'entends le vieux connard broncher. tu sors encore avec ce sale merdeux ? qu'il te crache quand tu passes à ses côtés et tu décides de l'ignorer, parce que tu vois le piège qu'il te tend et t'es plus fort que ça. ton père il a jamais aimé desi et parce qu'il a jamais aimé desi, toi t'as jamais aimé ton père. réponds quand je te parle. t'as le regard en coin qui sonde, méfiant, quand tu le vois s'approcher. t'es tendu. t'es nerveux. tu sais que tes poings partent vite et t'as pas vraiment le temps pour une autre embrouille. et il te cherche, le connard. il exige le respect qu'il pense qui lui est dû. il s'approche encore, les canines retroussées, les yeux menaçants. vautour. par le col de ton t-shirt boueux, il t'empoigne et te colle contre le mur. tu n'en fais rien. réponds ! y'a la rage qui monte. tes veines qui brûlent, ton souffle court. le sien, dominant, virulent, qui s'écrase contre ton visage et tu boues à l'intérieur. tu vas pas tenir bien longtemps. t'as le regard ancré dans le sien, défiant, haineux. la haine qui déforme ton visage et pourtant, tu ne dis rien. t'attends que ça, finalement. qu'il t'octroie le premier coup. tu vaux pas mieux que lui. tu perds le contrôle. ta gueule, putain ! ton cerveau répond plus. y'a tes phalanges qui s'écrasent sur le visage de l'homme déformé par l'animosité alors que tu te dégages de son emprise. le coup t'est renvoyé comme un boomerang et même si tu t'y attendais, tu l'as pas vu venir. tu vois rouge. tu vois sang. y'a les coups qui fusent, les meubles qui grincent quand tu t'écrases contre eux car déjà trop malmenés. tes poings anesthésiés par la douleur à force d'entraînement renvoient coup sur coup. t'as été élevé à la dure, tu t'laisses pas faire. t'essayes de t'en sortir dignement quand il t'assène une nouvelle droite. tu tombes sur le perron, à l'extérieur, dévale les quelques marches. la lèvre et l'arcade ouverte, de quoi te vanter auprès des copains demain. j'vais t'buter, sale enfoiré ! j'vais t'buter ! t'as même pas le temps de te relever que y'a desi qui fonce sur ton paternel, qui le roue de coups. le vieux qui s'écrase au sol sous la violence de ses poings. et desi qui frappe. encore. encore. et encore. putain desi, arrête ! regarde, j'ai presque rien. mais desi il est pas comme toi. desi il s'arrête pas. t'es à bout de souffle mais tu le tires de toutes tes forces pour l'éloigner. vous vous relevez tant bien que mal, mettez un temps à réaliser. deux p'tits cons paumés devant un corps sans vie.

~ la déchéance. sur la route, seize ans.
faut qu'on s'casse, qu'il t'a dit. t'as hoché la tête distraitement devant le corps éteint de ton paternel et t'as pris la route avec desi. il te manque pas, ton père. il t'a jamais manqué. vous êtes allés un peu partout. en stop. en car. vous avez volé quelques voitures. vous vous êtes arrêtés dans quelques stations essence que vous avez pillé. volé. butin éphémère. quelques billets pour coller un sourire sur vos lèvres éraflées, quelques clopes et quelques bières pour panser vos intérieurs ravagés. l'évasion qui glisse entre vos doigts, l'horizon qui se profile, excitante, incertaine. vous avez enchaîné les conneries. des chambres d'hôtels minables impayées, des bastons à la sortie des bars, de vieilles voitures abandonnées quand vous ne pouviez plus rouler. ça a duré un temps. quelques mois, un an tout au plus. une vie de liberté, une vie d'impunité. vous avez roulé, roulé, roulé. vous avez vu défiler les visages au même titre que les paysages. mais rien de tout ça n'avait d'importance parce que y'avait desi. tu pensais pas que ça pourrait se terminer aussi vite. et puis un jour, t'as rien compris. une imprudence, une erreur de débutant. et puis les menottes encerclant tes poignets. t'as pas fait long feu devant un juge qui a décidé, comme ça, que desi et toi poireauterez jusqu'à votre majorité dans un endroit pour les gars comme vous. les gars pas vraiment fréquentables.

~ la désillusion. centre de redressement, dix-sept ans.
le premier truc que t'as fait en arrivant dans ta chambre, c'est te concocter une arme de défense. un truc fabriqué à la va-vite avec le peu d'objets qu'on t'autorise à avoir avec toi. une brosse à dents trafiquée, une lame de rasoir scintillante. t'es pas celui qui attaque mais t'es pas totalement con non plus. tu détestes cet endroit. y'a rien de plus déprimant sur terre. pas même la vision d'une soirée avec ton père. desi et toi avez écopé d'un an dans cette prison pour mineurs. on vous apprend à gérer la colère. un peu comme une sorte de thérapie, comme si vous étiez à l'asile. toi, t'y arrives plutôt bien. quand tu fais des efforts. pour desi c'est plus compliqué. t'es à peine étonné quand tu le retrouves au self, l'oeil complètement noirci, les lèvres retroussées en un rictus vainqueur. t'as jamais eu besoin de comprendre pourquoi son sourire trouvait toujours écho au tien. parce que c'est sony et desi, envers et contre tous. t'as gagné j'espère ? t'es d'humeur joueuse quand tu t'installes à ses côtés. dans ton plateau, une bouillie qui couperait la faim à un boulimique. toujours. et il est fier comme un paon, en plus. t'étouffes un rire débile et tu suis son regard. c'est pas encore fini. tu lèves un oeil interloqué vers lui. fais pas le con, desi. parce que t'as compris. c'est pas fini dans le sens, ça va se régler maintenant. il s'est déjà levé, ne quittant pas des yeux son adversaire. il a les poings serrés il t'en faut pas plus pour bondir de ta chaise. pour plonger dans la bagarre qui se forme en à peine deux mouvements. parce que c'est desi. et tu que laisseras jamais tomber desi. même si tu te dis parfois que y'a pas plus con que lui. c'est avec ce genre de conneries que vous prolongerez votre peine d'un an. la prochaine emmerde et c'est la prison pour toi, cartwright. la prison pour grandes personnes. sans passer par la case départ. et sans toucher vingt mille.

~ la réhabilitation. montsimpa, dix-neuf ans.
t'es un mec nouveau paraît-il. enfin, t'es censé l'être. c'est ce qu'on lit sur les brochures de ce genre d'établissement dont tu viens de sortir. à les croire, t'es censé avoir repris goût à la vie. tu devrais être ce type irréprochable en quête de rédemption. sur le chemin du pardon. foutaises. tu te tiens à carreau parce que t'as pas le droit à l'erreur, c'est tout. t'as trouvé en archie le mentor qui te gardait la tête hors de l'eau. un p'tit boulot dans un garage. de quoi te payer quelques bières en sortant du boulot, t'en demandes pas vraiment plus. parce que y'a toujours la même menace qui pèse sur ta tête. et toujours le même diablotin posé sur ton épaule. celui qui t'as soufflé à l'oreille j'ai une affaire. de quoi se faire un max de thunes quand tu pensais justement que tu devenais ce garçon rangé. un beau tas de connerie, tout ça. t'es sur la pente glissante, à nouveau. desi et toi avez monté votre propre affaire et il a pensé que sa voie de la rédemption à lui, c'était un moyen de se faire de l'argent facile. il t'a introduit dans le business des pièces détachées, dans le vol, la revente de voitures et t'y as vite pris goût, aux billets flambants sur les comptoirs de bar. comme quoi, y'a certaines choses qui n'changent pas. faut te faire à l'idée, sony. t'es rien d'autre qu'un mec en chute libre.